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De l’ATS à l’IA : Comment la technologie transforme les métiers RH

 

Recruter plus vite, mieux, de manière plus inclusive : les promesses de la technologie dans les ressources humaines sont nombreuses. 46 % des RH estiment que la maîtrise des outils technologiques sera essentielle pour faire face aux défis de 2025.

Des premiers logiciels de gestion des candidatures aux algorithmes de matching, les outils RH ont connu une révolution en quelques années. Aujourd'hui, les professionnels RH jonglent avec des ATS, des dashboards d'analyse, des IA conversationnelles ou encore des API d'intégration. Une métamorphose qui transforme en profondeur les pratiques du recrutement, de la gestion des talents et de la marque employeur. Entre gain de temps, complexité croissante et enjeux éthiques, comment s’adapter ?

 

La montée en puissance des outils numériques dans les RH

Les ATS (Applicant Tracking Systems)

Les ATS ont été parmi les premiers outils à digitaliser la fonction RH. Leur objectif ? Centraliser les candidatures, fluidifier les échanges avec les managers, suivre les étapes du recrutement. Aujourd’hui, 80 % des recruteurs sont équipés d’ATS ou envisagent de l’être, qu’il s’agisse de solutions tout-en-un (SIRH) ou de plateformes spécialisées. En 2018, ils étaient seulement 64 %. Certains ATS intègrent désormais des fonctions d’intelligence artificielle : tri automatisé des CV, scoring de candidatures, matching sémantique.

L’IA et l’automatisation

L'intelligence artificielle investit progressivement tous les volets de la fonction RH. Du chatbot de pré-qualification à l'analyse prédictive du turn-over, elle promet d'automatiser les tâches chronophages et d'éclairer les décisions stratégiques. Elle permet aussi de personnaliser l’expérience candidat et collaborateur, par exemple via des recommandations de formation ou des parcours d’onboarding adaptés.

En 2024, 51 % des professionnels RH se disent optimistes vis-à-vis de l’intégration de l’IA dans leur métier. Mais cette adhésion reste fragile : 26 % se montrent méfiants et 23 % sont encore indécis. Un accueil ambivalent, révélateur d’une transition encore en cours.

Les API et l’intégration des outils

Les RH utilisent aujourd’hui une constellation d’outils : ATS, SIRH, logiciels de paie, plateformes d’évaluation ou de formation. Les API (interfaces de programmation) permettent de connecter ces solutions entre elles pour éviter la ressaisie, automatiser les transferts de données et construire des workflows sur mesure.

La place de la Data et des analyses RH

La collecte et l’analyse des données RH deviennent stratégiques. Les tableaux de bord RH facilitent le pilotage de la performance, la gestion des compétences, le suivi de la diversité ou encore la détection des signaux faibles. Ces données nourrissent les politiques RH et permettent de sortir de l’intuition pour aller vers des décisions éclairées.

 

Quand la technologie améliore les RH

Optimisation des processus et gain de productivité

La digitalisation permet de réduire les tâches répétitives : tri de CV, prise de rendez-vous, envoi d’emails de suivi, etc. Les professionnels RH peuvent se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée comme l’analyse, l'accompagnement et la stratégie. Le gain de temps est réel, notamment dans les contextes de recrutement en volume.

Précision et efficacité accrues

Les outils d’analyse permettent d’objectiver les décisions. En recrutement, cela passe par des scores de matching ; en formation, par l’identification des compétences à développer. L’IA permet aussi de prédire certains comportements (turn-over, engagement, mobilité), à condition de garder une approche critique.

Amélioration de l’expérience collaborateur

Les outils RH sont aussi des leviers d’expérience : portails self-service, plateformes de formation, outils de feedback ou de reconnaissance. En simplifiant l’accès à l’information et en personnalisant les parcours, la technologie peut renforcer le sentiment d’appartenance et la satisfaction des salariés.

 

Quand la technologie complexifie le métier des RH

Surcharge technologique et complexité des outils

Multitude de logiciels, interfaces peu intuitives, paramétrages lourds : les outils peuvent devenir un frein plutôt qu’un soutien. La complexité technique demande des compétences nouvelles et du temps de formation, au risque de perdre l’efficacité recherchée.

Les études menées auprès des RH montrent également un clivage générationnel marqué : 69 % des moins de 30 ans sont confiants vis-à-vis de l’IA, contre seulement 44 % des plus de 50 ans. Les plus jeunes semblent plus enclins à adopter les outils technologiques, quand les seniors interrogent davantage leurs effets sur la pratique du métier.

Le risque de déshumanisation

Trop de technologie peut diluer le lien humain. Des entretiens vidéos préenregistrés aux algorithmes de tri, certains processus manquent de chaleur ou de considération individuelle. Dans une fonction centrée sur l’humain, le risque de distance relationnelle est bien réel.

Les biais algorithmiques et les questions éthiques

Les outils d’IA reproduisent parfois les biais existants dans les données (genre, origine, diplôme, etc.). Sans vigilance, ces biais peuvent se renforcer au lieu d’être corrigés. Cela pose des questions éthiques majeures en termes de discrimination, de transparence et de responsabilité.

 

Comment les RH peuvent-elles naviguer dans cette tension technologique ?

Choisir les bons outils

Avant d’adopter une solution, il est essentiel de :

• Définir ses besoins réels ;

• Tester les outils ;

• Comparer les coûts et les gains attendus.

Privilégiez les solutions modulaires, intuitives, bien documentées et avec un support technique solide.

Maintenir un équilibre entre technologie et humanité

Automatiser ce qui peut l’être, oui. Mais sans renoncer à la rencontre, à l’écoute, au lien. Les outils doivent servir la relation, pas la remplacer.

L’intelligence humaine reste irremplaçable pour comprendre les besoins, décrypter les non-dits et accompagner les parcours.

Veiller à l’éthique et à la transparence

Informer les candidats et les collaborateurs sur les outils utilisés, documenter les critères de sélection, auditer régulièrement les algorithmes sont autant de bonnes pratiques pour garantir l’équité et la confiance.

Face aux dérives potentielles liées à l’utilisation de l’IA, les régulateurs s’emparent du sujet. En Europe, le règlement sur l’intelligence artificielle (IA Act), adopté en 2024, vise à encadrer les usages de l’IA selon leur niveau de risque. Les systèmes utilisés dans le recrutement ou l’évaluation des collaborateurs sont considérés à risque. Ils doivent donc répondre à des exigences strictes : transparence sur le fonctionnement des algorithmes, documentation des décisions automatisées, évaluation des biais, supervision humaine.

 

 

 

La technologie transforme les RH, mais ne les remplace pas. Elle ouvre des nouvelles perspectives, autant qu’elle pose des défis. Pour en tirer le meilleur, les professionnels RH doivent adopter une posture lucide, curieuse et engagée. Dans ce nouvel écosystème digital, l’avenir des RH repose sur leur capacité à conjuguer données et discernement, outils et éthique, technologie et relation humaine.

 

Jean-Ghislain de Sayve

ParJean-Ghislain de Sayve

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