L’entreprise a le choix entre recruter un CDI et recruter un travailleur indépendant. L’évolution technologique, la disparition des frontières traditionnelles du travail et le besoin de compétences spécifiques ont conduit à l’émergence du freelancing. Cependant, il ne suffit pas d’échanger un CDI contre un freelance. Les techniques à appliquer pour un recrutement efficace ne sont pas les mêmes et le recours à un travailleur freelance ne répond pas au même besoin que celui d'un salarié en CDI.
Quand recruter un freelance ?
Un CDI fera partie intégrante de l’entreprise. Ainsi, un freelance n’est pas envisageable lorsqu’il s’agit de recruter sur le long-terme et d’engager une personne pour être entièrement consacré et disponible pour l’entreprise. Le freelancing doit aller de pair avec flexibilité et ponctualité.
Ainsi, recruter un freelance est avantageux dans les cas suivants :
- Pour un emploi temporaire, pour un projet en phase test ou lorsque le travail requis ne touche qu’une partie du projet encore en évolution (exemple : pour créer le site internet d’un cabinet d’avocat, il n’est pas utile de recourir à un employé en CDI). La rupture du contrat est alors plus aisée qu’avec un CDD.
- Lorsque les compétences requises sont pointues. En effet, le freelance est souvent spécialisé dans son domaine et expérimenté. L’âge moyen d’un freelance est de 37 ans selon une enquête de Malt x BCG et la majorité d’entre eux ont entre 25 et 35 ans, avec un minimum d’expérience pour effectuer un travail demandé.
- Lorsque l’entreprise requiert une personne déjà opérationnelle, qui n’a pas vraiment besoin de formation avant emploi ou d’un onboarding longue durée. L’urgence et le caractère « prêt à l’emploi » d’un freelance motivent souvent le recours à ce système permettant la flexibilité du travail.
- Pour une entreprise qui n’a pas la ressources interne pour s’occuper d’un volet administratif conséquent, et pas les moyens de payer des charges et cotisations sociales supplémentaires. En effet, recruter un freelance équivaut à s’affranchir de tout cela, le freelance étant également un auto-entrepreneur.
7 conseils pour bien recruter un freelance
Les étapes du recrutement sont les mêmes : évaluation des besoins, sourcing, sélection et contrat. Cependant, lorsqu’il s’agit de travailleurs indépendants, travaillant à un rythme flexible, souvent avec plusieurs clients en même temps et pour un emploi temporaire, la prudence est de mise.
1) Bien élaborer sa fiche de poste
Pour recruter le bon travailleur indépendant, il faut que vous sachiez exactement ce que vous voulez : quels soft skills, quelle compétence technique, quel diplôme et certificat, quel time-zone, quel type d’expérience préalable et sur combien de temps. Que prioriseriez-vous entre tous ces critères ? En effet, lorsque vous engagez un CDI, vous avez le temps de le former et d’ajuster ces compétences. Souvent, vous n’allez pas former un freelance. Vous le voulez opérationnel et apte à faire ce que vous lui demandez.
Illustration : vous voulez recruter un rédacteur web pour la rédaction d’articles de blog avec plusieurs rubriques allant de la santé aux finances. Vous ne pourrez alors pas vous baser sur le nombre d’années d’expérience seulement, ni ses seuls diplômes. Un rédacteur web peut avoir été dans le métier depuis deux ans et n’avoir à son actif que trois clients, pour trois thématiques précises. Un autre peut avoir une expérience d’un an, au contraire, mais a été “touche à tout” durant cette année, acquérant la souplesse et l’inventivité qu’il vous faut.
2) Déterminer le budget que l’entreprise peut se permettre
Il existe une base de données des salaires moyens pour les emplois fixes en entreprise. Ce n’est pas le cas pour les freelances. Pour un même travail, les tarifs peuvent être extrêmement variés. La délocalisation du recrutement y est pour beaucoup, mais il y a aussi la quantité et la qualité de l’expérience qui ne s’aligne pas toujours avec le nombre d’années d’expériences. Il faut alors que vous déterminez le prix que vous êtes prêt à allouer au recrutement d’un freelance, pour savoir où diffuser l’offre et comment optimiser le recrutement. Quoi qu’il en soit, veillez à payer le prix juste, pour ne pas ruiner votre réputation de recruteur freelance et surtout préserver la relation jusqu'à la fin du contrat.
3) Bien rédiger la proposition de contrat
La flexibilité est le maître-mot du freelancing. Cependant, cette flexibilité contractuelle doit aller de pair avec le plus de précision possible dans le contrat, justement pour permettre cette flexibilité du travail. Vous devez, au minimum, détailler les conditions de travail, les livrables, les réunions éventuelles et les moyens du reporting, les possibilités de demande de correction et les règles s’appliquant aux retours.
Il faut absolument être le plus clair possible en ce qui concerne le niveau de disponibilité requis et les délais pour rendre un travail. Contrairement au recrutement CDI, vous n’avez pas de mainmise sur le freelance et les recours pour inexécution des obligations contractuelles sont plus difficiles, en particulier pour les contrats impliquant des individus résidants dans deux États différents.
Exemples de problèmes qui peuvent se poser : vous n’avez pas prévu le paiement uniquement après correction et vous perdez la trace du freelance avant d’avoir été satisfait par son travail. Vous n’êtes pas au courant de l’avancement du travail demandé et cela va vous préoccuper tout au long du contrat, même si le livrable finit par être livré à temps et conformément à vos besoins.
4) Faire un sourcing précis, mais mondial
Les freelances agissent comme des entrepreneurs et non comme des salariés en quête d’emploi. Le sourcing ne doit pas forcément être large. Une offre sur votre site n’aura pas l’impact que vous escomptez. Le sourcing peut être mondial, mais il est précis quant à son canal. Vous aurez de meilleures chances de recruter le meilleur freelance en vous rendant sur les plateformes et forums sur lesquels la majorité d’entre eux sont présents (réseaux sociaux professionnels et plateforme comme LinkedIn, Freelancer.com, Malt, etc.). Un autre moyen de recruter un bon freelance est d’user de vos relations déjà en place et la technique de cooptation.
5) Faire faire un test d’aptitudes
En CDI, l’entreprise peut prévoir la modalité du contrat à l’essai pour donner aux deux parties la possibilité de s’évaluer mutuellement. Lors du recrutement d’un travailleur indépendant, le processus de vérification des compétences réelles est souvent plus court, compte tenu du besoin ponctuel et souvent immédiat du freelance. Certes, vous aurez toujours la possibilité de changer de personne si vous n’êtes pas satisfait du travail, mais à quel prix ? Vous perdrez du temps et de l’argent. Aussi, va-t-il falloir vérifier les compétences réelles d’un candidat.
Comment faut-il faire dans la pratique ? Tout dépend du domaine. Dans tous les cas, le test doit être court mais illustratif et ne doit pas concerner le projet en entier. Les freelances sont autant méfiants à l’égard des recruteurs que les recruteurs envers eux. Vous pouvez faire un test d’aptitude écrit (exemple : 300 à 500 mots de traduction), demander un commencement d’exécution du projet (exemple : tester un logiciel sur les 10 que vous proposez dans le contrat), demander une présentation de stratégie en vidéo ou à l’écrit (exemple : pour l’élaboration de la stratégie marketing par un consultant freelance).
6) Vérifier la réputation du freelance
Les questions de deadlines minent souvent un recrutement de qualité, lorsqu’il s’agit d’un emploi temporaire. Le risque est pourtant grand : vous ne connaissez pas bien les traits de personnalité du freelance qui peut ne pas donner de nouvelles du jour au lendemain. Aussi, est-il crucial de demander et de vérifier les références du freelance, ainsi que toute sa réputation (en ligne).
7) Organiser un entretien et faire attention aux soft-skills
Les soft-skills sont souvent négligés lors du recrutement d’un freelance. Certains recruteurs pensent qu’ils n’auront pas à traiter avec la personne au quotidien et se focalisent donc davantage sur les compétences techniques. Ce serait une erreur. Non seulement vérifier les soft-skills vous permettra de vous assurer de la fiabilité de freelance, mais aussi, n’oubliez pas que le freelance peut aussi apporter du renouveau, du dynamisme ou tout simplement, plus de convivialité au sein de l’entreprise lors de son passage. Il faut capitaliser sur tout « l’humain » derrière le freelance. Voilà pourquoi organiser un entretien est aussi nécessaire que lors d’un recrutement d’un CDI. Il vous permettra d’évaluer les gestes non-verbaux de votre interlocuteur et de voir si le courant passe entre vous.