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Blockchain et recrutement : vers un processus de vérification plus sécurisé et transparent

 

La vérification des diplômes, des expériences professionnelles et des références est l’une des étapes les plus chronophages du processus de recrutement. Face à la multiplication des faux CV et à la complexité des parcours, les recruteurs cherchent des solutions fiables pour authentifier les informations fournies par les candidats. La blockchain, technologie de stockage et de transmission de données décentralisée, pourrait bien révolutionner cette étape. Transparent, sécurisé et infalsifiable, ce système permettrait de garantir l’authenticité des parcours tout en facilitant la gestion des données.

La blockchain : une solution pour sécuriser les parcours professionnels

Qu’est-ce que la blockchain ?

La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations qui prend la forme d’un registre distribué. Chaque transaction ou information est enregistrée dans un bloc, lié aux précédents par un mécanisme de cryptographie. Une fois validées par le réseau, ces informations deviennent infalsifiables. C’est ce caractère immuable qui confère à la blockchain sa réputation de fiabilité et de sécurité.

Il existe deux types de blockchain :

  • Blockchain publique : ouverte à tous, elle fonctionne de manière décentralisée sans autorité centrale (ex. : Bitcoin).
  • Blockchain privée : accès restreint et contrôlé par une entité centrale (ex. : réseaux d’entreprises).

Vérification des diplômes et expériences

Les fraudes aux diplômes sont fréquentes : selon une étude de Robert Half, 47 % des directeurs généraux ont déjà écarté un candidat pour mensonge sur son CV. Pour y remédier, certaines universités et start-ups proposent des solutions basées sur la blockchain. Par exemple, la start-up BCDiploma permet aux établissements de délivrer des diplômes numériques certifiés, consultables par les recruteurs via un lien sécurisé. Aux États-Unis, certaines grandes écoles utilisent déjà ce procédé pour automatiser la vérification des qualifications.

Exemples d’applications

Plusieurs initiatives montrent l’intérêt grandissant pour la blockchain :

  • BCdiploma : créée en 2017, l’entreprise certifie les documents dématérialisés sur la blockchain. L’université de Lille ou encore l’EDHEC sécurisent ainsi les diplômes délivrés.
  • Paymium : leader européen de la technologie Bitcoin, basée à Paris, cette entreprise rend les diplômes de l’ESILV infalsifiables.
  • Gradbase : cette start-up britannique propose un système où les diplômes sont enregistrés sur une blockchain et accompagnés d’un QR code à intégrer aux CV.
  • APPII : propose des CV numériques certifiés par les institutions académiques et professionnelles, accessibles par les recruteurs via un lien sécurisé.

Les avantages de la blockchain dans le recrutement

Transparence et fiabilité

La blockchain apporte une transparence accrue dans le recrutement en permettant un accès ouvert aux informations vérifiées. Les données enregistrées sont disponibles pour tous les acteurs autorisés, ce qui renforce la confiance entre candidats et employeurs. Grâce à la traçabilité des informations, chaque modification est horodatée et enregistrée, ce qui permet de suivre l’évolution des parcours professionnels.

Réduction des risques de fraude

55 % des Français admettent avoir déjà menti sur leur CV. L'immutabilité des informations garantit que les données, une fois inscrites dans la blockchain, ne peuvent plus être modifiées ni supprimées. Cette caractéristique élimine les possibilités de falsification des diplômes ou des expériences professionnelles. De plus, l'authentification systématique, réalisée en amont par les institutions académiques ou professionnelles, renforce la sécurité des informations enregistrées.

Gain de temps et efficacité

La blockchain simplifie les processus de vérification en automatisant les contrôles des diplômes et des parcours professionnels. Contrairement aux méthodes traditionnelles, où les recruteurs doivent contacter les écoles ou les anciens employeurs, la blockchain permet d’accéder directement aux informations validées via un simple lien ou QR code. Cette automatisation réduit considérablement les tâches manuelles et les délais liés aux vérifications, ce qui permet aux équipes RH de se concentrer sur l’analyse des compétences et la gestion des talents.

Les gains de temps sont considérables, notamment pour les grandes entreprises qui traitent des centaines de candidatures chaque mois. Cela permet aux équipes RH de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Sécurisation des données

La blockchain offre un haut niveau de sécurité pour les informations professionnelles et personnelles des candidats. Les données sont chiffrées et distribuées sur plusieurs nœuds, rendant toute tentative de piratage ou de modification pratiquement impossible. Cette architecture décentralisée protège non seulement contre les cyberattaques, mais garantit également que les informations restent confidentielles et ne sont accessibles qu’aux utilisateurs autorisés.

Par ailleurs, la blockchain permet aux candidats de garder le contrôle de leurs données en décidant eux-mêmes des informations partagées avec les recruteurs. Ce respect de la confidentialité est essentiel dans un contexte où les fuites de données peuvent gravement nuire à la réputation des entreprises.

Limites et défis de la blockchain dans le recrutement

Adoption et accessibilité

Malgré ses promesses, la blockchain reste une technologie complexe et encore peu démocratisée dans les RH. La mise en place d’un système sécurisé nécessite des compétences techniques spécifiques et des investissements initiaux parfois conséquents.

De plus, la blockchain publique peut soulever des questions d’accessibilité : tous les candidats n’ont pas forcément les compétences pour créer et gérer un CV numérique certifié.

Problèmes de confidentialité

L’immuabilité des informations pose la question du droit à l’oubli. Une fois enregistrée dans la blockchain, une donnée ne peut, en théorie, plus être supprimée. Cela entre en conflit avec la réglementation RGPD qui impose la possibilité de corriger ou d’effacer les données personnelles.

Certains acteurs travaillent sur des solutions RGPD-compatibles, comme l’entreprise BCdiploma.

Normes manquantes

À ce jour, il n’existe pas de normes internationales pour l’utilisation de la blockchain dans le recrutement. Chaque initiative repose sur des protocoles différents. Résultat : l’interopérabilité entre les systèmes reste difficile.

 

 

La blockchain offre des perspectives prometteuses pour sécuriser les processus de recrutement. En garantissant la transparence, la fiabilité et la rapidité des vérifications, elle répond aux défis actuels des RH. Cependant, son adoption massive reste freinée par des enjeux techniques, éthiques et juridiques. Pour que cette technologie devienne un standard, il faudra surmonter les obstacles liés à la confidentialité des données et à l’accessibilité des solutions.

Si la blockchain peut véritablement améliorer le recrutement, elle nécessite encore une appropriation par les acteurs du secteur et un cadre réglementaire adapté. Une évolution à suivre de près dans les prochaines années.

 

Jean-Ghislain de Sayve

ParJean-Ghislain de Sayve

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